mercredi 22 juin 2016

Bientôt les vacances...

Elle est arrivée ! 
Vous l'attendiez (ou pas !), voici ma sélection saisonnière. 
Mes plus belles lectures de ce premier semestre pour vous aider à bien remplir votre valise !


Deux auteurs qui me sont chers ont publié en ce début d'année deux livres exceptionnels

Olivier Rolin, Veracruz, Verdier

Emmanuel Carrère, Il est avantageux d'avoir où aller, POL

Un comédien a pris la plume, et j'ai été charmée

Fabrice Luchini, Comédie française, Flammarion

Une fois n'est pas coutume, j'ai lu et vraiment apprécié un recueil de nouvelles

Frédérique Martin, J'envisage de te vendre, Belfond

Deux très beaux romans sur l'amitié (mais pas que)

Elena Ferrante, Le nouveau nom, Gallimard

Elsa Flageul, Les mijaurées, Julliard

Un récit incroyable, où rien n'est inventé, mais où le romanesque est pourtant à son comble

Laurence Cossé, La Grande Arche, Gallimard



Je vous souhaite un été radieux et surtout de très belles lectures !

dimanche 19 juin 2016

La dernière nuit à Tremore Beach

Mikel Santiago

Actes Sud, 2016


Traduit de l’espagnol par Delphine Valentin


Une nuit d'orage, des cauchemars à répétition, des personnages nimbés de mystère : une ambiance hitchcockienne, pour les amateurs du genre...

Les couvertures des polars d’Actes Sud m’attirent bien souvent. Et s’il faut reconnaître que je ne lis qu’occasionnellement ce type de roman, je me tourne bien volontiers vers cet éditeur, qui privilégie des textes proposant une véritable atmosphère, la peinture d’une société ou d’une région du monde et mettent davantage l’accent sur le ressort psychologique que sur de sauvages et gratuites scènes de tueries macabres...
Un auteur espagnol, un héros aux prises avec des cauchemars brouillant sa perception de la réalité, le qualificatif de «Stephen King espagnol» (que je n’ai jamais lu, mais je suis très réceptive aux formules choc imaginées par les éditeurs !) apposé en quatrième de couverture : c’est exactement ce qu’il me fallait en cette période de déménagement et de travaux où mon cerveau est plus prompt à s’interroger sur les cotes d’un module de cuisine que sur la qualité stylistique d’un texte...

Cette Dernière nuit à Tremore Beach ne correspond pas exactement à mes lectures habituelles - et c’est tant mieux ! Entièrement bâti sur une intrigue psychologique, installant une ambiance un peu inquiétante, il n’a d’autre prétention que celle de nous raconter une histoire et de nous distraire. 
Peter Harper, musicien reconnu, vient s’isoler sur une plage des côtes irlandaises, pour se ressourcer et sortir d’une période difficile de sa vie. Las, un soir d’orage, il se trouve frappé par la foudre, et ce choc, dont il ressort indemne, va déclencher des visions, des cauchemars peut-être annonciateurs d’événements dramatiques...

Je me suis immédiatement laissée emporter par cette histoire et j’en ai apprécié les différents personnages. Peut-être ne garderai-je pas un souvenir impérissable de ce roman, mais j’ai passé un excellent moment... et je ne peux pas en dire autant de toutes mes lectures !


jeudi 9 juin 2016

Les mijaurées

Elsa Flageul

Julliard, 2016


Un récit lumineux et touchant, une histoire à la fois intime et universelle.

Mais qui sont donc les mijaurées qu’évoque le titre, qui pourrait paraître quelque peu péjoratif, de ce livre ?
Simplement deux adolescentes qui, dans les années 90, vont se rencontrer et vivre une relation amicale d’une rare intensité.

L’histoire de Clara et Lucile est une histoire propre à éveiller en chaque lectrice des souvenirs, des images, qui lui rappellera les échanges de regards complices ou les délicieux fous rires qu’elle a elle-même connus. Elle fera resurgir les saveurs singulières de l’adolescence. C’est en tout cas ce qui m’est arrivé à la lecture de ce roman.
Clara et Lucile sont deux jeunes élèves de quatrième, qu’une amitié sans faille va très vite unir. Une de ces amitiés entières, exclusives, dévorantes, de celles qui ne naissent que dans l’enfance, au moment où l’on découvre la vie avec cet étonnant mélange de pudeur et de spontanéité, avant que les attitudes ne deviennent progressivement, mais inexorablement, plus convenues, plus mesurées, plus fades aussi sans doute.

Raconté à la première personne par Clara, ce récit entre avec beaucoup de justesse dans l’intimité de cette relation où l’amitié confine à l’amour, celui que l’on pourrait éprouver pour une sœur, mais une sœur qu’on se serait choisie. Ensemble, les deux jeunes filles se découvrent une assurance qui, individuellement, leur manque cruellement. Au contact l’une de l’autre, en se découvrant et en se comprenant mutuellement, chacune se forge sa propre personnalité. Elles mettent tout en commun, les joies et les peines, partagent leurs doutes et leurs victoires, parviennent à tracer leur sillon ; ensemble, elles affrontent les premières épreuves de l'existence et surmontent les obstacles qui se dressent devant elles.

Lorsque Clara entame son récit, les deux jeunes filles sont devenues adultes, et on devine que leurs chemins ont pris des tours différents, qu’elles se sont un peu éloignées l’une de l’autre. Mais ces amitiés d’enfance créent des liens si puissants qu’elles laissent une empreinte profonde et indélébile chez toutes celles qui ont eu la chance d’en connaître une. Quoi qu’il advienne, Clara sera toujours là pour sa Lucile.

Elsa Flageul signe un roman d’une grande délicatesse, empreint d’une certaine nostalgie, pour une époque qui n’est plus – celle des téléphones fixes, celle de la Mano Negra et de Khaled, mais surtout celle d’une jeunesse et d’une insouciance disparues. Un roman à la fois grave et tendre, sensible et juste, servi par une plume précise et sans afféteries.

Un billet que je dédie bien évidemment à ma Sarah.


Sabine et Clara ont été aussi touchées que moi !