lundi 6 février 2017

La chair

Rosa Montero

Métailié 2017


Traduit de l’espagnol par Myriam Chirousse


La chair est triste, a dit le poète...

De Rosa Montero, je n’avais lu que Le territoire des barbares, son tout premier roman traduit en français en 2002. L’enthousiasme plus récemment soulevé par L’idée ridicule de ne plus jamais te revoir m’avait donné envie de redécouvrir cette auteure, et voilà que La chair m’a été offert.
D’abord, une très belle couverture, comme elles le sont souvent chez cet éditeur, sobre et percutante avec sa photo en noir et blanc sur laquelle se détachent les lettres rouge flamboyant de son titre. Un visuel qui met immédiatement le lecteur dans l’ambiance...

Soledad a soixante ans. Un cap très difficile à passer pour cette femme indépendante qui a toujours préféré l’embrasement de son corps au contact de celui de ses amants successifs à l’idée de s’installer dans une relation qui lui semblerait trop fade. Mais elle sent que l’attraction qu’elle exerce sur les hommes devient désormais moins forte, et le fait que sa dernière conquête la quitte pour se consacrer entièrement à son épouse enceinte ne fait qu’exacerber ses angoisses. Assaillie par la colère, elle décide de faire appel à un escort boy pour rendre Mario jaloux, mais peut-être surtout pour lui démontrer qu’elle l’a bien vite remplacé par plus jeune et plus beau.
Mais un événement fortuit va modifier la donne, et ce qui devait n’être qu’une rencontre d’un soir va se transformer en une relation trouble, mettant Soledad au devant de ses doutes et l’amenant à réfléchir sur ses choix.

J’ai lu d’une traite ce roman vers lequel le sujet ne m’aurait peut-être pas naturellement conduite. Au-delà des interrogations intimes de l’héroïne, c’est ce qui est dit de la perception des femmes par la société qui m’a intéressée. Une femme célibataire, qui n’est pas femme de, dérange. Une femme qui assume le choix de n’avoir pas d’enfant inquiète. Une femme qui s’affiche avec des hommes plus jeunes suscite critiques et commérages. Evidemment, si l’on inverse les choses, le regard n’a plus rien à voir et devient beaucoup plus flatteur, l’homme étant assimilé à un éternel don juan qui a su ne jamais s’embarrasser de la moindre entrave...
Si le sujet n’est pas nouveau, Rosa Montero lui confère une dimension très charnelle et porte sur son personnage un regard à la fois lucide et tendre, non dénué d’un certain humour, qui a touché la lectrice que je suis. 

Non, décidément, la chair n'est pas triste !


En véritablee inconditionnelle de Montero, Keisha l'a déjà lu


32 commentaires:

  1. Je vais le lire aussi car je ne résiste pas à ces talentueux Espagnols. Et cette Rosa Montero, elle sait tout écrire !

    RépondreSupprimer
  2. Je fus aussi touchée, même si je n'ai pas tout aimé.

    RépondreSupprimer
  3. Je le lirai sans doute, mais sans me précipiter, j'ai des tentations plus fortes dans la rentrée de janvier.

    RépondreSupprimer
  4. Une auteure que j'ai bien l'intention de découvrir.

    RépondreSupprimer
  5. Sur un sujet assez délicat, l'auteur s'en tire sans vulgarité et voyeurisme.

    RépondreSupprimer
  6. A ton tour d'être conquise par ce roman que l'on voit un peu partout !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, d'un seul coup, c'est vrai, on ne parle que de lui ! Il y a visiblement des inconditionnels - elles ? - de l'auteure. Il faut dire que son précédent livre, L'idée ridicule... avait connu un succès assez retentissant.

      Supprimer
  7. Je le note, pour le lire lorsque l'envie m'en prendra !

    RépondreSupprimer
  8. Bon il va vraiment falloir que je découvre Rosa Montero (je voulais lire L'idée ridicule... et puis je n'ai pas encore eu le temps...); celui-ci récolte pas mal d'avis qui donnent envie et le tien risque de me décider tout à fait :-)

    RépondreSupprimer
  9. ah tiens, je me demandais ce qu'il valait ce livre... ça ne m'étonne pas tellement qu'il soit excellent ! J'aime beaucoup cet auteur.

    RépondreSupprimer
  10. Encore une grande envie de lecture ! j'ai beaucoup aimé L'idée ridicule, et j'ai vraiment apprécié le bref passage de l'auteure à La Grande Librairie, elle a une sacré pêche et ressemble vraiment à l'idée que je me faisais d'elle après avoir lu son livre !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je n'ai pas vu l'émission mais, oui, il paraît que c'est un sacré numéro !

      Supprimer
  11. Séduite moi aussi ! Je lirai d'autres romans de cette auteure que je découvrais à l'occasion, j'en parle bientôt (soyons optimistes ^^)

    RépondreSupprimer
  12. Le sujet ne me porterait a priori pas non plus en priorité vers ce titre mais j'ai de plus en plus envie de découvrir cette auteure, par contre.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Elle a beaucoup d'inconditionnel(le)s ! Il faudra aussi que je découvre d'autres titres d'elle.

      Supprimer
  13. Une lecture que j'ai beaucoup appréciée. J'ai d'abord repéré ce roman grâce à une blogueuse, puis j'en ai entendu parlé lors d'un petit déjeuner de lecteurs ce qui a fini de me convaincre.
    Néanmoins je n'ai pas ri durant ma lecture (en tout cas je n'en ai pas le souvenir). J'ai dû être davantage obnubilée par la thématique à la fois touchante et grave.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'ai parlé d'humour parce que l'héroïne a du recul et qu'elle ne manque pas d'une certaine ironie. Cependant, je n'ai pas ri à gorge déployée !

      Supprimer
  14. En effet, j'ai comme beaucoup été séduite par "L'idée ridicule..", je suis tentée par celui-ci aussi, autant par la thématique que pour ce que tu en dis.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Quant à moi, il me reste vraiment à découvrir L'idée ridicule... !

      Supprimer
  15. J'ai aimé ce roman, notamment ce qui concerne la préparation de l'exposition dont Soledad est commissaire, l'analyse fine des fêlures du passé, qui expliquent sa façon de vivre, on découvre une femme généreuse.
    danielle

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, on la découvre peu à peu, et ce personnage prend ainsi progressivement de l'épaisseur.

      Supprimer